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Des mamours opiacés

La culture selon Martine Aubry

D’un livre collectif 1 dont les contributions, très diverses, mériteraient un examen approfondi, je retiens les intuitions centrales de Martine Aubry sur la culture, telles qu’elle les exprime dans un dialogue avec Jorge Semprun. Parce qu’elle a coordonné cet ouvrage, parce qu’elle est une des responsables de la collection qui le publie, parce qu’elle est une femme politique importante, mais aussi parce qu’elle a le souci de les voir inspirer l’action, ses propos ont une allure de manifeste.

Peu de nouveautés. Un résumé de ce que la plupart de nos concitoyens croient pouvoir attendre de la culture. Passons sur la déploration de la mondialisation, du rôle de l’argent, du climat matérialiste et autres thèmes sur lesquels l’auteur obtient notre accord à peu de frais. Martine Aubry ne veut pas d’une vision aristocratique ni esthétique de la culture. Soit, même s’il n’y a rien de plus vaseux que le concept de culture populaire. « Une culture élitaire pour tous » disait Antoine Vitez. C’est la bonne formule. Martine Aubry a raison de la rappeler.

Si l’on considère ce que nous propose l’ancienne ministre, nous en sommes pourtant loin. Des moutons réfugiés sous un auvent et se réchauffant les uns les autres tandis que les éléments se déchaînent, voilà l’image qui vient à l’esprit du lecteur déjà tremblant. Le monde est dur, dur, dur, pense gentiment Martine Aubry ; il faut « ouvrir des petites fenêtres dans son cœur et dans son esprit. » Vive « le partage d’émotions, face à un tableau, une musique ou dans une fête ». Il lui est même venu une conviction certaine : « La culture, c’est prendre un repas avec des amis, participer à une fête ou assister aux pastorales basques […] comme la culture, c’est aussi le cinéma, le théâtre, les arts plastiques, la musique…, toutes les musiques, de l’opéra au rock et au jazz. » Le pourquoi de cette conviction ? Indiscutable. « Tout cela fait partie intégrante de ce que je suis, comme d’ailleurs le contact avec les artistes. »

À y regarder de près, l’accord qu’elle donne à Vitez est d’ailleurs fort conditionnel. À la « culture élitaire pour tous », où elle voit curieusement « l’idée de l’excellence pour chacun » (pourquoi l’excellence ? que vient faire ici ce concept managérial ?), elle veut ajouter « le développement de la culture vécue, c’est-à-dire le repas de famille ou avec ses voisins, la fête dans un quartier ou dans un village… » Préfiguration d’un secrétariat d’État aux repas de famille, dont Coluche, un soir de fête, aurait lancé l’idée ? Nullement. Évoquant des réalisations lilloises, Martine Aubry en définit ainsi le dessein : « Nous faisons côtoyer la culture cultivée et la culture vécue. » Et de décrire ces Maisons Folie où le hammam, la brasserie, les « cuisines tenues par des habitants-cuisiniers » côtoient des ateliers réservés à la danse, au théâtre, aux arts plastiques, etc.

Tout cela est sans doute fort aimable, animé par des gens imaginatifs et sensibles, bourré d’idées astucieuses et originales. Mais on chercherait en vain comment cette charmante convivialité, à laquelle on s’associerait volontiers, pourrait, de quelque façon, répondre aux interrogations des visiteurs. Divertissement, donc, divertissement organisé par les pouvoirs locaux. Jeux de représentations. Danse devant les miroirs. Soit. Pourquoi pas ? Mais c’est de l’image, ça, rien que de l’image. Des mamours opiacés. Le grand classique : les chefs rassurent le peuple pour se rassurer eux-mêmes. Rien de neuf. Mais la culture, c’est casser l’image.

Un repas de famille n’a nul besoin d’aspirer à un statut culturel pour être un moment de plaisir, de sens et d’affection : ce qu’il porte de nécessité et de références fondamentales le dispense de prétendre à une autre rubrique. Pas plus que la peinture ni la musique n’ont besoin, pour se sentir vivantes, de se référer à une quotidienneté par quoi on veut secrètement empêcher leur envol, par quoi, sous couleur de les faire plus familières, on entend les châtrer de leur nature spirituelle.

Faire se côtoyer la culture cultivée et la culture vécue, c’est un rêve de technocrate inattentif et, de surcroît, bénisseur ; c’est une aspiration de fonctionnaire à la Culture formé dans une école de commerce. Non, bien sûr, que l’existence et la culture s’ignorent ! Mais de quelle manière elles se rencontrent, il faudrait, pour ne pas le comprendre, n’avoir jamais vu de sa vie un artiste, n’avoir jamais lu un poème ! Toujours dans le conflit. Nécessairement dans le conflit, même si l’on ne fait ni dans le romantisme ni dans les affres du poète maudit. L’art ne négocie pas avec le quotidien : il lui arrache avec dureté la matière qu’il transformera. Et pas davantage le quotidien ne négocie avec l’art : il ne cherche qu’à l’empêcher, à l’engloutir, à le nier, à l’asservir. Agissant ainsi, il n’a pas tort : c’est le rôle qui lui est assigné dans le combat amoureux qui l’oppose à l’infini, par lequel il aspire, au fond, à être vaincu et qu’à sa manière, en le combattant, il oblige à se dévoiler.

Exemple de vie culturelle selon Martine Aubry : « Une femme vient pour le hammam, elle rencontre un artiste, elle passe devant la salle d’expositions, elle regarde la programmation parce qu’elle aura envie d’y venir avec ses enfants. » On ne peut pas ne pas rire. C’est le jeu de l’Oie. C’est Bouvard, Pécuchet et Madame Bovary qui se sont donné rendez-vous dans la même phrase. On a le droit de rire. On doit rire, et gros, et gras, et sans la moindre crainte d’offenser la promeneuse en question. Pourquoi ? Parce qu’elle n’existe pas. Parce qu’elle n’a jamais existé. Parce qu’elle n’existera jamais. Parce que c’est une figurine, une cocotte en papier fabriquée par le fonctionnaire à la Culture formé dans une école de commerce pour inciter les petits oiseaux à se serrer encore plus fort. Des gens se reconnaissent dans cette caricature ? Écoutez-les attentivement, sans désapprobation ni complicité. Laissez-les parler, laissez-les se parler. Si votre silence est vraiment amical, ils cracheront le morceau : ce n’est pas eux, ça, c’est ce qu’on veut faire d’eux, c’est ce à quoi ils craignent de plus en plus de ne pas échapper.

La culture, énonce Martine Aubry, « assure la conciliation entre l’homme, sa libre pensée, et le collectif, la société. » Quel collectif ? Quel collectif y a-t-il aujourd’hui dans la société ? L’argent, qui décide de tout, est collectif ? Les médias sont collectifs ? L’entreprise est collective ? C’est vrai : beaucoup de gens s’inventent la fausse adresse d’un nid collectif parce qu’ils ont trop peur de se mouiller les ailes ou de se les brûler. Se font croire les uns aux autres, sans oser se regarder, et en jetant régulièrement un œil méfiant vers l’extérieur, qu’ils ont choisi leur destin, le même destin. Parlent de leur liberté en baissant la voix. Prétendent apporter au nid, pour qu’il ait l’air vivable, qui sa brindille de culture, qui sa brindille de vie quotidienne, qui sa brindille d’équité. Mais ne rêvent que de s’enfuir, et s’épouvantent de haïr à ce point, sans aucune raison apparente, les autres prisonniers.

Les gamins des banlieues ne seront guère convaincus par le message culturel de Martine Aubry. « L’accès à l’émotion, leur dit-elle, en regardant un tableau, en participant à un concert ou à une fête ensemble, en comprenant votre histoire, peut vous apporter beaucoup plus que d’acheter la dernière paire de Nike ou de regarder le dernier feuilleton télévisé. » C’est ça : la culture va leur apporter quelque chose de plus coté que les Nike ; la culture va les enrichir. Le comprendront-elles un jour, les bonnes âmes missionnaires ? Pour ceux des quartiers, les Nike, ça vaut des clous, rien que des clous. C’est pour ça qu’ils les achètent, qu’ils les revendent, qu’ils les volent. Les Nike, c’est du néant ; et le néant, c’est la vérité de leur univers. Ils sentent de manière suraiguë que cette culture qu’on met en balance avec leurs Nike, elle est faite pour traîner sur le même béton. Qu’il y aura vraiment culture le jour où les missionnaires des beaux quartiers piétineront la logique d’enrichissement. Pas demain la veille. En attendant, la seule attitude correcte, c’est la dérision ; et la seule action culturelle possible, d’élargir cette dérision aux dimensions de la ville, de la nation, de l’Occident ; de la sortir de son ghetto renfrogné, de lui donner toute sa dimension politique, culturelle, sociale, toute son acuité spirituelle, toute son exigeante noblesse. Proposer aux gamins des banlieues d’accéder à la culture de représentation par laquelle on allèche les cadres, c’est leur montrer à quel point on ignore ce qu’ils sentent. Puissent-ils trouver encore assez de patience pour répondre gentiment : « Ça vaut combien de paires de Nike, l’émotion culturelle, Madame ? »

(31 août 2004)

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Notes:

  1. Culture toujours… et plus que jamais ! coordonné par Martine Aubry, Paris, éditions de l’Aube, 2004.

Clichy-sous-Bois, mon bled

(Entretiens de Sabrina Amarache avec Jean Sur)

« La voix de ma grand-mère couvre ses gestes, le bruit de l’eau, l’éponge, la brosse pour frotter le linge. Même si on ne comprend pas ce qu’elle dit, on sent que c’est comme si elle se parlait à elle-même, ou comme si elle parlait à Dieu, ou comme si elle parlait à je ne sais qui. Elle parle à une autre personne. Elle se parle à elle-même, et elle parle à une autre personne. »

« C’est vrai que, quand je vais en vacances, et que je dis que je suis de Clichy-sous-Bois, que c’est près de Montfermeil, etc., je vois que ça évoque des tas de choses aux gens. Alors, j’aime bien essayer de les faire parler, d’aller voir le fond de leur pensée. Bien souvent, je me rends compte qu’ils ont des tas de clichés en tête, qu’ils ne voient que le mauvais côté des choses. Alors, à ma manière, j’essaye de leur décrire la vie à Clichy-sous-Bois et, le temps d’une discussion, de les mettre dans la peau des jeunes Clichois, de leur montrer qu’ils ne sont pas plus mauvais que d’autres.»

Ce dimanche-là, dans son émission Périphéries, Edouard Zambeaux avait interrogé une jeune fille de Clichy-sous-Bois qui se préparait à entrer en hypokhâgne. Passer de la banlieue à l’hypokhâgne, j’avais quelques raisons de m’intéresser à ce parcours. Et puis cette jeune fille était intelligente, sympathique, à la fois spontanée et réfléchie ; j’ai voulu lui ouvrir Vox populi. C’était quelques semaines avant les émeutes de l’automne 2005 qui, bien sûr, colorèrent nos conversations.

Nous avons parlé de tout et de rien, en commençant par l’espèce qui fatigue si fort les filles de banlieue : les garçons. Elle n’a rien contre eux, vraiment rien ! Quand ils lui « prennent la tête », elle reconnaît que ce n’est pas bien méchant et que parfois, même, « ce n’est pas si mal ». Mais vraiment, la tête, ils la lui prennent trop, beaucoup trop ! J’aime bien la façon dont elle parle, Sabrina. Une simplicité décapante. On dirait qu’elle n’a jamais regardé la télé, ou que ça a bien coulé. Pas de cinéma, surtout avec un vieux. Contente de vivre. Des tas de défenses. Parfois, entraîné dans un courant de sérieux ascendant, le piercing de son sourcil s’élevait légèrement jusqu’à ce qu’un bon éclat de rire le fasse redescendre. Ça me plaisait. On est du même bled, tous les deux, on en a vu d’autres ! Et puis elle ne parle pas précuit, ce qu’elle dit est cuisiné devant vous, sauce piquante. Les trucs en -isme, à un certain âge, c’est comme le gras, ça ne passe pas.

Sur l’affaire du voile, je m’étais planté. Jacques Berque avait encore raison ! Les principes, la liberté, la dignité de la personne humaine menacée ? Parfait, parfait ! Mais il ne s’agissait pas de ça. Pour les gars et les filles des banlieues, le lycée, c’est le seul lieu potable ; ils y ont un peu de tranquillité, ça ne gueule pas trop, les flics ne sont pas là. Ce sacré voile, ils voient bien qu’il isole les filles ! Elles parlent tout doucement, et entre elles : ça fait de la peine, on ne peut pas les laisser comme ça. Une ou deux saynètes racontées par Sabrina, les maquillages furtifs devant le miroir des toilettes, le pantalon gentiment accordé au foulard, du Vittorio de Sica, du Bab El Oued, que ça fait du bien, la réalité, la réalité sans voiles ! Et l’autre, en gymnastique, qui veut faire des galipettes encoconnée jusqu’aux orteils dans ses jupes ! C’est ça, vraiment, la liberté ? Il paraît que la plupart des membres de la commission Stasi étaient a priori plutôt hostiles à l’idée d’une loi. Passer pour liberticide, ça ne fait plaisir à personne. Puis ils ont longuement entendu des filles de banlieue. Elles ne parlaient qu’en leur nom ; sans chercher à prouver quoi que ce soit, elles racontaient leur vie, leurs ennuis, elles disaient ce qu’elles voyaient. Elles les ont fait basculer, moi aussi. Amicus Ego, sed magis amica veritas ! Sed magis amica vita !

Elles étaient drôles et infiniment gentilles, ces rencontres avec Sabrina. J’observais comme la liberté de ses propos allait avec une souple discrétion et un beau contrôle de soi. Toute la vie ; aucune avidité. À toutes petites gorgées, le Coca-Cola rituel ! L’exigence avec soi, la gaîté avec les autres, elle est là, l’éducation. Elle n’a pas loupé son coup, sa grand-mère !

Elle me demandait des conseils de lecture. Difficile ! En en riant moi-même, je lui ai envoyé une liste de classiques : deux pages ! Pourvu qu’elle garde au moins Racine et Victor Hugo ! Racine pour le feu, Victor Hugo pour l’espace ! C’est que la banlieue, c’est gentil, mais quand ça commence à se prendre pour le centre du monde, ça devient aussi con que le XVIe. La seule lettre d’amour de la banlieue qu’il faut garder, c’est celle où elle explique qu’on est toujours périphérique et toujours locataire : c’est son invitation au voyage. La banlieue est la vérité du monde, Sabrina. Encombrés de nos passions, de nos sales manies, de nos bons principes, garrottés à nos intentions, nous restons tous à la banlieue de nous-mêmes. Les autres, c’est à peine si nous franchissons l’octroi des conventions qui nous écartent d’eux ; quand nous voulons les briser, ces barrières, nous en inventons d’autres ! Ne jamais se prendre pour la City, Sabrina ! Ni la City du fric, ni la City de la vérité, ni la City du désir ! Nous ne sommes la City de rien ! Périphériques ! Locataires ! Eux aussi, les banlieusards du XVIe, il faut les sortir de leur ghetto ! Le feu et l’espace, Sabrina, il n’y a que ça qui compte ; feu et espace, c’est ça l’amour. Pour le reste, pour tout ce qui n’est pas ça, quand on a vécu à Clichy-sous-Bois, on doit bien avoir sous la main un assez joli catalogue d’expressions fleuries. Ne te gêne pas. Si tu en manques, je t’en passerai. Montrouge, mon bled, c’était pas mal non plus.

 (25 septembre 2006)

 

Chinoiseries

Puisque Résurgences est un site résolument ludique et interactif, voici quelques citations tirées de mes lectures chinoises de l’été. Certes, en sinologie comme dans tout autre domaine, l’érudition a de grands charmes à faire valoir : on l’appréciera tout particulièrement dans le magnifique ouvrage d’Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise (posologie conseillée : un chapitre par jour pendant environ un mois). Mais l’amateurisme rieur n’est pas non plus sans arguments. Même s’il ne m’échappe pas que nous ne vivons pas dans la Chine de Confucius, ni dans celle de Mo-tseu, de Lao-tseu, ou de Lie-tseu, l’auteur supposé du Vrai classique du vide parfait, ces citations glanées au hasard par l’esprit taquin qu’on se découvre au mois d’août m’ont frappé par leur modernité, je veux dire par la permanence des thèmes auxquels elles renvoient. Chaque lecteur pourra donc, à son gré, dédier à tel ou tel personnage de notre morne actualité l’une ou l’autre de ces fraîches pensées venues de très loin.

Lie-tseu, probablement sur la société de consommation :

Les hommes qui […] ne pensent qu’à leur subsistance sont comme des poules et des chiens. Ils se heurtent et se battent pour leur subsistance si bien que le plus fort l’emporte. C’est là le propre des animaux. Se comporter comme poules et chiens, comme un animal, et exiger l’estime des hommes, c’est vouloir l’impossible.

Encore de Lie-tseu, ce conseil aux candidats en quête de circonscription :

Souen Chou-ngao dit à son fils : « Bien souvent, le roi a voulu me conférer un apanage, mais je l’ai refusé. Quand je serai mort, le roi te conférera un apanage. Cependant n’accepte pas une terre riche. Entre Tch’ou et Yue se trouve Ts’in k’ieou (Tertre des Dormants). Cette contrée est pauvre et le nom de l’endroit inspire aux gens la terreur. Les gens de Tch’ou ont peur des fantômes et les gens de Yue cherchent des noms de bon augure. C’est pourquoi cette place conviendrait particulièrement si on veut pouvoir la conserver longtemps. »

… et cette intéressante perspective métaphysique pour une écologie qui en est assez démunie :

Ce que l’homme trouve comestible, il le mange. Mais cela n’a pas été créé à l’origine par le Ciel pour les hommes. Les cousins et les moustiques provoquent sur notre peau des piqûres, les loups et les tigres nous dévorent. Cela ne signifie nullement que le Ciel a produit, à l’origine, l’homme et sa chair pour les cousins et les moustiques, pour les loups et les tigres.

Le grand homme d’État selon Confucius :

Ce qu’on appelle un grand homme d’État, c’est un homme qui sert son souverain au nom de la vérité, et qui se retire sitôt qu’il ne peut plus concilier les deux. (Commentaire de Lao-js : puisqu’il semble qu’en démocratie, le souverain soit le peuple, le grand homme d’État démocrate est donc celui qui propose au peuple, sans le moindre souci de carrière, ce que son esprit et son cœur lui soufflent de meilleur, puis, si celui-ci le refuse, s’en va gaiement planter ses choux. Le reste est une salade d’arrangements subalternes qui régale les médiocres.)

Soit. Les temps ont changé. Mais, pour un peuple civilisé, l’immigration n’est pas une catastrophe :

Le gouverneur de She interrogea Confucius sur l’art de gouverner. Le Maître dit : « La population locale est contente ; les populations voisines affluent. »

Mais à qui donc dédier ceci (difficulté de force 1) ?

Un garçon du village de Que servait de messager [à Confucius]. Quelqu’un demanda au Maître : « Fait-il des progrès ? » Le Maître dit : « À le voir qui trône au milieu des adultes et marche de front avec ses aînés, on ne dirait pas qu’il cherche à progresser, mais seulement qu’il est pressé d’arriver. »

De Lao-tseu, éminent spécialiste des banlieues :

Plus s’allongent les ordonnances
Et plus foisonnent les bandits.

La rédaction de Résurgences vous présente ses meilleurs vœux pour l’année nouvelle et espère que vous avez trouvé à qui dédier ces maximes. Voici, pour finir, trois citations de Confucius. Je vous propose que nous les réservions à notre propre gouverne.

Sur l’honnêteté intellectuelle :

L’honnête homme n’approuve pas un individu parce qu’il soutient une certaine opinion, ni ne rejette une opinion parce qu’elle émane d’un certain individu.

Sur la vie en société :

L’honnête homme cultive l’harmonie, mais pas la conformité. L’homme de peu cultive la conformité, mais pas l’harmonie.

Sur le silence et son contraire :

La raison dernière du discours est de ne pas parler, l’activité suprême est de ne pas agir, cependant qu’une sagesse peu profonde dispute sur les choses extérieures.

Fin