Ne faites pas les petits malins pour imiter les gros malins.
Écoutez ce qu’on vous dit, lisez ce qu’on vous écrit. Puis oubliez tout, absolument tout. Écoutez-vous penser, ne raisonnez pas trop, laissez-vous percevoir ce que vous percevez, même et surtout si vous ne voyez pas pourquoi, puis choisissez, si vous le pouvez, celle ou celui qui anime en vous les sentiments les plus forts, les pensées les plus larges. Et ne vous étonnez pas d’en être, de toute façon, infiniment éloignés.
Personne ne peut vous dire qui vous êtes, sauf les menteurs. Personne ne peut vous dire ce que vous devez désirer, sauf les imbéciles. Encore moins ce que vous aimez, sauf les salauds.
Jouez aux adultes, bien sûr ! C’est votre protection nécessaire, nous l’avons tous fait. Mais en secret, à l’instant du vote, comme on va sauver quelqu’un qui est en train de se noyer, de toute la force de votre jeunesse, ayez le courage de laisser chanter l’enfant qui est en vous, qui restera toujours en vous, et que tout, dans ce monde borné, vous invitera à renier.
Ne réprimez pas cet enfant irrépressible, de quelque chanson qu’il vous berce, joyeuse ou grave, déchirante ou apaisante. Nouez très fort en vous le lien entre lui et l’adulte qu’il veut animer et rendre libre. Sans lui, il serait une ombre flottante, un caquetage inutile, une mauvaise copie, une invention du désespoir, un produit périmé.
Je vous souhaite cet instant de solitude. Je vous souhaite de l’aimer. C’est votre insaisissable réserve de mystère et de lumière. Il vous fait habiter le monde entier et jette en vous le monde entier. Le plus important dans ce jour d’élection politique, c’est qu’il soit d’abord celui de votre reconnaissance par vous-mêmes. Il n’est pas de meilleur ciment pour une société, pas de meilleur gage de liberté, pas de meilleure promesse d’amitié.
7 avril 2022