Non à l’imprescriptibilité

Le jour où l’Assemblée nationale vote une proposition de loi dont il est le rapporteur, et qui vise à doubler le temps de prescription des crimes et des délits, le député de la majorité Alain Tourret déclare : « Cette proposition de loi est sans doute le dernier texte que nous votons avant l’imprescriptibilité. » J’aimerais trouver dans cette phrase quelque trace de mélancolie, mais la chercher serait faire injure à ce député : pourquoi alors défendrait-il ce texte ? Le co-auteur de la proposition, son collègue de l’opposition Georges Fenech, m’interdit d’ailleurs toute hésitation quand, à la tribune de l’Assemblée, il prophétise ainsi : « Je suis convaincu, mes chers collègues, qu’en adoptant cette proposition de loi, nous ferons véritablement entrer la justice dans le XXIe siècle. »
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Combien de temps doit durer la prescription, je n’en ai pas idée. Mais si le lien que j’établis entre les deux propos que je viens de citer n’est ni arbitraire ni erroné, si je dois comprendre de leur juxtaposition que la marche vers l’imprescriptibilité des crimes et des délits épouse, à moins qu’elle ne contribue à l’engendrer, l’esprit du vingt-et-unième siècle, alors ce débat juridique dont j’ai toutes les raisons de ne pas me mêler change instantanément de nature. C’est à chacun de nous qu’il est demandé si maintenir éternellement certains de nos semblables dans la situation de coupables et, par là, pérenniser, pour leurs victimes, un passé tragique en constante réactualisation – sans omettre qu’il n’est nullement impossible que certains citoyens se trouvent en même temps dans les deux situations – est une idée raisonnable, si elle a quelque rapport avec les idéaux démocratiques et, surtout, si nous pouvons, dans notre for intérieur, la reconnaître et y adhérer.
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On ne peut pas examiner cette question hors du contexte anxiogène de notre époque, hors de l’impossibilité où nous sommes de lui échapper et des illusions où cette impossibilité nous plonge. Parmi elles, de loin la première, l’effrayante passion pour le rôle, cette prothèse d’identité, pour ce qu’il confère d’officiel, d’important, pour ce qu’il favorise, autorise, justifie. Le management triomphant fait de nous des acteurs, habile manière de nous rassurer et de nous valoriser tout en nous tenant en laisse. De fait, nous nous enchaînons aveuglément à nos rôles. Nous les bourrons d’un bavardage que nous appelons le sens, nous les en chargeons comme des ânes en oubliant qu’ils n’en supportent qu’un peu, un tout petit peu, bien trop peu pour nous épargner le doute, l’angoisse, le vertige, le frisson. Le sens des rôles est un petit poêle à quatre sous, il chauffe à peine, il nous faut tirer tous les rideaux de notre vie, en fermer, obturer, calfater les fenêtres. Les rôles nous isolent. Au mieux, sous une porte, se glissent quelques fantômes.
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La condition de victime ne fait pas échapper à l’illusion du rôle : elle en exacerbe le désir à la mesure de la souffrance. L’imprescriptibilité, c’est la consécration de cet enfermement dans le rôle. Dans l’identité de coupables, pour les uns, de victimes, pour les autres. La question des dédommagements, du pretium doloris, etc. n’est pas le fond de l’affaire. Tout le monde est seul aujourd’hui, mais la solitude de ceux qui ont été victimes d’une injustice, d’une violence, d’un crime, est infiniment plus cruelle et suscite donc, tout naturellement, un besoin plus urgent de s’identifier à un rôle, même tragique, même obscur. Ce que ceux-là demandent à l’imprescriptibilité n’est pas tant de leur permettre de réclamer leur dû, mais de les protéger contre une difficulté de vivre que l’épreuve a rendue insupportable. De la déguiser, de la masquer. Toujours la bonne jambe de Boniface, le jeune charretier des Voyageurs de l’impériale, quand la charrette s’est renversée sur lui et que l’autre jambe en a été broyée : c’est celle qui n’a pas souffert que ceux qui arrivent contemplent, c’est elle qui leur fait peur. C’est la vie qui fait peur parce qu’elle est vraie, le rôle est toujours du côté de la mort : sauf au théâtre, où tout est inversé. La vie qui reste à la victime, c’est sa bonne jambe, elle l’épouvante. Même chose pour le coupable sans doute. Lui aussi a peur de vivre, replonger est tellement facile.
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Il serait étrange et effrayant que des parlementaires qui ne sont ni des victimes ni des coupables puissent un jour entrer dans ce jeu. Ne voudraient-ils pas voir que, du simple point de vue de la sécurité, ce serait absurde ? Si, jusqu’à ma mort, quoi que je fasse, je suis désigné comme coupable, si l’opprobre ne me lâche pas, ne suis-je pas fortement tenté d’entrer encore plus avant dans le seul rôle qu’on m’attribue, celui qui m’a déjà perdu ? Veut-on que je me fasse plus coupable encore ? Qu’aux éloquentes associations d’éternelles victimes répondent de souterraines associations d’éternels coupables ? Et que de nouvelles victimes… ? Monstruosité de l’imprescriptibilité. Et sottise.
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Nous sommes bien d’accord, vraiment. Coupable n’est pas victime, victime n’est pas coupable. Il faut empêcher les assassins, autant qu’il est possible, de traîner dans les rues. Et, autant qu’il est possible, dédommager les victimes. Mais là n’est plus la question, et la guerre des rigoureux et des laxistes, même s’ils ne s’en aperçoivent pas, n’est aujourd’hui qu’un lever de rideau dans un théâtre pauvre qui recycle de vieux succès. La vraie guerre, on l’a vue à l’Assemblée. Même si c’est à l’unanimité que le prolongement de la durée de la prescription a été voté, à l’unanimité et à la sauvette, et en s’entre-félicitant à gogo, comme des gens vaguement mal à l’aise, des gens qui ont des choses à cacher mais qui ne savent pas lesquelles.
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Lesquelles ? Lisez les discours. Sans doute une chose simple et grave : ils projettent sur le débat de l’imprescriptibilité les angoisses de la société moderne et, surtout, les désastreux remèdes censés la guérir, et qui l’alourdissent. Et l’imprescriptibilité devient l’exemple même de la mesure managériale faite pour produire, sans que ceux qui l’imposent l’aient toujours clairement compris, l’exact contraire de ce qu’elle annonce. Nous sommes ici au cœur du fonctionnement de l’entreprise quand l’idéologie l’a infectée. Le remède est un poison mais assorti d’une telle réclame, d’une telle profusion de bons sentiments, d’une si intense démonstration d’humanité que les agents qui vont le proposer avec un zèle débordant ne se doutent de rien et sont les premiers, et avec quelles délices, à l’avaler.
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C’est cette musique que m’a rappelée l’intervention de Mme Anne-Yvonne Le Dain, cette thuriféraire de l’imprescriptibilité qui en est aussi la première dupe. Ce document parlementaire est un état des lieux de l’intelligence politique aliénée. Avec un étrange vocabulaire de défilé de haute couture qui égaye ces histoires trop tristes de prescription des crimes. Aux yeux de cette députée, doubler les délais de prescription « constitue finalement une solution très élégante. » Elle juge que la proposition de loi qu’on soumet à sa sagacité parlementaire est « un joli texte ». Non qu’elle se contente d’impressions esthétiques. Elle a beaucoup travaillé son intervention, beaucoup. Se posant fort opportunément la question de savoir ce qu’était au juste la prescription, elle a résolument « consulté le dictionnaire pour savoir ce qu’il en est ». Et ce n’est pas pour le plaisir des yeux ni des oreilles qu’elle trouve ce texte joli, mais pour des raisons infiniment plus savantes, parce qu’il « présente l’immense avantage de consacrer l’essor de la science et de la technique qui, au-delà de la mémoire, permettent maintenant d’aller au bout des enquêtes et de retrouver des preuves physiques, chimiques, biologiques à partir de données factuelles et concrètes. »
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Plus à côté du sujet, on ne peut pas l’être. Je ne peux reprocher à cette députée d’ignorer Baudrillard et Debord, Orwell et Michéa, mais s’est-elle seulement demandé si « consacrer l’essor de la science et de la technique » était bien un critère à prendre en compte pour décider d’un délai de prescription ? Si l’on parle à Mme Anne-Yvonne Le Dain, dans un dîner, de technocratie, je parie qu’elle soupire avec accablement sans se douter un instant que son discours est la plus parfaite expression de ce délire, la plus admirablement naïve. En attendant, aussi à l’aise avec Internet qu’avec le dictionnaire, elle cite ses auteurs : Nietzsche, Alphonse Allais dont on est ravi de savoir qu’elle « l’apprécie tout particulièrement », Julien Green. Et qu’a confié Nietzsche à Mme Anne-Yvonne Le Dain ? Que « tout acte exige l’oubli. » Et le bon Alphonse Allais, quel message a-t-il laissé sur son portable ? Que « l’oubli c’est la vie. » Et Mme Anne-Yvonne Le Dain, qui a parfaitement compris, et qui est alors saisie d’un immense mouvement de générosité parlementaire, veut leur faire superbement écho et s’écrie : « Mais la loi aussi doit permettre, doit être la consécration de la vie ! » Je demande pardon pour cette digression qui se prolonge presque autant que la prescription. Je confirme toutefois que la proposition de loi a bien été votée à l’unanimité, une unanimité dont Mme Anne-Yvonne Le Dain fait partie. Ce qui autorise à conclure qu’elle a voté pour cette proposition. Alors que l’oubli, c’est la vie. Que la loi, elle vient de le dire, doit être la consécration de la vie. Et l’oubli, qu’on soit guelfe ou gibelin, ce n’est pas l’augmentation du délai de prescription. Et l’oubli, ce n’est pas la marche vers cette imprescriptibilité dans laquelle les deux artisans de ce texte, l’un à sa gauche, l’autre à sa droite, voient l’indépassable horizon de la loi selon le XXIe siècle. Et si l’on refuse d’oublier l’oubli, comment peut-on voter pour une proposition qui, au dire même de son rapporteur, est peut-être le dernier texte que l’Assemblée vote avant de lui claquer la porte au nez ?
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Si j’insiste sur cette intervention de Mme Anne-Yvonne Le Dain, c’est que je la lis comme un bilan clinique de l’époque. J’y entends le baratin des cadres supérieurs, leur schizophrénie innée, ou acquise, ou mimée : n’importe quel mot pour n’importe quelle chose, déconnection complète – efficacité exige – entre la parole et l’action avec, dans les petits crânes bien rangés, l’idée gamine que c’est rusé, ça, Madame ! J’y vois la mauvaise foi hollando-vallsiste ; là-dessus je n’insiste pas, mauvais pour la tension. J’y entends battre tristement le cœur des élites, je vois la démission leur couler des yeux comme une chassie. Dans ce ton de mondanité inquiète, je sens la peur, pétante ! Et tant d’autres choses dont il faut urgemment parler, ici, partout, dans le monde entier, et plus loin !
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Mais Mme Anne-Yvonne Le Dain ne sait pas mentir. Toute cette histoire, c’est parce que les associations de victimes, c’est à cause des associations de victimes, c’est pour les associations de victimes. Et pourtant, Simone Weil vous l’expliquerait mieux que moi, les associations ne souffrent pas. Les victimes souffrent, aucune association n’a jamais souffert. Il n’y a rien à dire à une association, ça n’existe pas. Mais les victimes, elles, existent qui, au fond d’elles, attendent de nous non pas d’impossibles paroles de vérité hors de notre portée, mais celles qui la trahissent le moins. La compassion aussi, bien sûr, et totale, mais pas la mécanique, pas celle qui jouit d’elle-même. Celle qui vient de notre souffrance à nous, passée, présente, future, assez taiseuse finalement, celle qui parle simple, celle qui sait dire go !, avanti !, en avant !, celle qui entraîne, dans le même mouvement, consolateur et consolé. Une association de victimes, c’est du lourd, c’est forcément du gras, comme toute association. Et ce lourd devient trop lourd quand les politiques comprennent ce qu’il faudrait mettre dans l’autre plateau de la balance pour faire contrepoids : leur âme, et donc, forcément, leurs intérêts puisque c’est là qu’elle niche.
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C’est un piège terrible que d’être victime, et qui fait un écho terrible à une souffrance terrible : cela, une victime le sait ; si elle l’ignorait, le malheur le lui aurait appris. La souffrance première, puisse-t-elle s’apaiser, personne ne l’empêchera de mordre. La souffrance seconde, l’enfoncement dans la victimisation, c’est comme si la souffrance première avait fabriqué toutes sortes d’avatars, de mauvais génies en miroir : on ne peut pas souhaiter aux gens de rester dans cette noirceur, de la justifier, de l’épouser. On ne doit pas céder à leur pression, même si on la comprend – surtout si on la comprend -, quand ils pèsent pour obtenir une imprescriptibilité qui pourrira leur vie en la fixant à ce passé, en l’actualisant et le réactualisant, en le présentifiant, en le faisant obsédant. Il ne faut pas faire droit à l’angoisse des gens contre leur liberté. Il ne faut pas faire campagne sur leur angoisse. Il ne faut pas se livrer à un trafic d’angoisse même si aucune loi ne le réprimera jamais : vous voulez que je vous enferme parce que vous souffrez trop et je feins, moi, parce que ça m’arrange trop, de croire que vous le voulez vraiment. « Pas ça ou pas moi », un parlementaire, dans une pareille circonstance, ne peut pas échapper à l’alternative, même si Mme Anne-Yvonne Le Dain ne trouve pas cela élégant.
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Je ne suis pas juriste vraiment, mais je sens dans cette affaire d’imprescriptibilité un style, une manière d’être, une odeur que je reconnais. Parce qu’on y joue perdant-perdant avec la vie, avec l’avenir, avec tout ce qui vaut. Parce qu’on y joue pétochement. Parce qu’ici, comme dans cent autres occasions, on se confie à une prétendue logique de sécurité infiniment inquiétante qui, peu à peu, nous enserre et, faisant de la défense de la liberté une sorte d’effrayant Diên-Biên-Phu, nous fait passer subtilement, misérablement, d’une démocratie à une autre. Parce qu’en rivant des gens à leur condition de coupables ou de victimes, comme d’autres aux exigences de la croissance, comme d’autres aux diktats d’une morale de circonstances, on met en place les conditions d’une société qui, sous les plus avenantes apparences, fera un jour de la démocratie non plus le plus mauvais régime « à l’exception de tous les autres », mais en dépit de tous les autres. La démocratie totalitaire vers laquelle nous voguons n’aura en effet à espérer ni évolution ni révolution, et ne saura que précipiter son involution. Elle n’aura aucun autre tyran à renverser qu’elle-même. Son puéril aveuglement l’empêchera de se reconnaître dans le miroir de ceux qui l’avaient prévue et annoncée. Elle s’étouffera toute seule en sondant ses intentions de suicide, à moins que quelque tyrannie ordinaire et classiquement féroce ne la dévore ou ne la remplace.
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Je sais d’où elle part, l’horreur. D’une simple absence. D’un simple arrangement avec l’être. Je n’en veux pas à Mme Le Dain, je me désole que personne ne lui ait rien expliqué. Dans ce discours mondain, fait pour les copains parlementaires, comme dans tous les discours mondains, à quelque sorte de copains qu’ils s’adressent, copains curés ou bouffeurs de curés, copains de ci ou copains de là, copains comme ci ou copains comme ça, copains classico-sexistes ou sexo-inventifs, je n’entends pas l’âme de celle qui le prononce, j’entends une rumeur soumise, j’entends la validation du vide, j’entends une voix renoncer à être une voix, et mendier qu’on l’en félicite. Et ce qui, ailleurs, me renvoyant à mon propre désastre, n’aurait suscité en moi qu’une sympathie désolée, m’est insupportable dans ce lieu de pouvoir. Non que j’imagine les élites meilleures que le reste du peuple, non que je leur impose d’être plus vertueuses et plus désintéressées que lui – et que moi !
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Vitam impendere vero, consacrer sa vie à la vérité – ce qui suppose qu’on ne s’imagine pas vautré en elle comme dans une charrette de foin -, Michel Onfray a mille fois raison de placer cette exigence infiniment plus haut que toutes les adhésions partisanes, si fort qu’elles gueulent. Plus haut ou, plutôt, ailleurs, autrement. Enfin, voyons, c’est quoi, faire de la politique ? Les urnes ont été ouvertes, les premières centaines dépouillées, il est clair que, pour moi, ça va passer. Fierté, gloriole, pensées vachardes pour l’adversaire, je n’y couperai pas. Parfait. Et puis ? La ligne sur laquelle je me suis engagé sera la mienne, pas de problème. Et puis ? Rien d’autre ? Ce serait court, vraiment court. Alors je me laisse songer un instant à ces électeurs qui m’ont appelé à les représenter. Et si je me les représentais tout de suite, après tout ? Allez, j’y vais, personne n’en saura rien. Je vais revoir ce que j’ai vu d’eux, ressentir ce que j’ai senti d’eux. La ligne reste la ligne. La gloriole est digérée. Mais, au fond, dans le chantier, ça travaille. C’est sombre, mais pas noir. Je les songe, les gens, je bute sur des regards, je glisse sur des souvenirs, il pleut des mots, c’est comme un goutte-à-goutte d’inexprimable vérité. Écoute voir, disait-on autrefois, écoute voir… Le chantier, c’est moi. Les autres me fabriquent si je les regarde vraiment, si je les regarde par-dessous, en passant par mon âme et en frôlant la leur, tel Achille aux pieds légers. C’est un détour qui fait gagner du temps, comme dans le métro quand on oublie la ligne directe pour prendre celle qui suppose un changement, une correspondance. Regardés comme cela, ils sont là, les gens, dans leur inaccessible vérité. Inaccessible mais incontournable, impossible à zapper, impossible.
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Et alors ? Alors, rien. Dans cet imperceptible détour tient toute la liberté dont on est capable, toute la vérité qu’on peut connaître, toute l’amitié dont on dispose. Côté vertu, rien à signaler, pas brillant, aucune amélioration. Image de moi grisâtre, avec un éclair de temps en temps. Quelque part, je suis devenu infirme, à moins que ce ne soit accro : je ne pourrai plus jamais penser aux gens, ni même à moi, sans passer par ce détour. Je ne connais pas d’autres manières de ne pas fuir. Je suis là et je ne suis pas là, démerdez-vous avec ça. Je tiens ma parole et je vous trahis, comprenez si vous pouvez. En tout cas, je me fous de votre non-dit mondain, je ne me sens aucune solidarité avec vos intérêts, même si vous les rebaptisez Valeurs. À propos, M. le Co-auteur de la proposition ne devait pas être très à l’aise avec les jeux de construction quand il avait ses couches-culottes : on fait entrer le petit dans le grand, voyons, pas le contraire ! Donc, il ne s’agit pas de faire entrer la justice dans le XXIe siècle. Ça, c’est Narcisse and Co, le management, le flan habituel, ça va comme ça. Le contraire. C’est le XXIe siècle qu’il faut faire entrer dans la justice. Sinon, dans l’état où il est, il va crever. Elle, vous savez, elle a le temps. Et il est prudent de ne pas l’enfermer, sinon elle peut devenir farceuse. Par exemple, elle installe confortablement le discours de Mme Anne-Yvonne Le Dain dans un des plateaux de sa balance et, dans l’autre, dépose en rigolant trois lignes de Simone Weil. Et alors ? Alors ce sont les astronomes qui sont contents ! La prose de Mme Anne-Yvonne Le Dain traverse l’univers de part en part, aucune fusée n’est jamais montée si haut !

18 mars 2016