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La puissance acide

LE MARCHÉ XI

Sur la tombe de Félix Guattari, au Père-Lachaise : « Il n’y a pas de manque dans l’absence. L’absence est une présence en moi. »
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« La vie professionnelle, déclare Raffarin à la radio, comprend le temps de travail, le temps de formation et le temps libre. » Vraiment ?
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Un journaliste du Monde annonce sur RFI que les patrons s’accordent une augmentation de 11% quand les salaires des travailleurs ne bénéficient que de 2%. On lui demande ce qu’il en pense. En petit garçon bien élevé, il répond : « C’est effectivement un petit peu en rupture avec les exigences de modération salariale. »
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Ce musulman raconte que les circonstances de sa vie lui ont fait renoncer aux obligations religieuses auxquelles il était soumis. La journaliste qui l’interroge –  Courgette de Linfo ? – saute sur cette occasion de mobiliser sa délicate sensibilité et sa puissante intelligence du dialogue entre les civilisations. Elle glapit : « Ça vous a libèrè, quoi ! »
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On m’apprend qu’en arabe nisiane, l’oubli, est un dérivé d’insane, l’homme. Comme c’est beau ! Du coup, je me précipite sur Blanche ou l’oubli, d’Aragon, pour y chercher quelque écho à cette étymologie. Je tombe sur la lumineuse citation de Hölderlin : « Nous ne sommes rien ; ce que nous cherchons est tout. » Et je repense à ce théologien anglican pour qui nous ne serons jugés ni sur ce que nous aurons fait, ni sur ce que nous aurons dit, ni sur ce que nous aurons pensé, mais sur ce que nous aurons désiré. C’est bien cela. Ce qui se joue en nous est trop profond pour nous. Nous pouvons laisser l’oubli nous désencombrer de nous-mêmes, nous délivrer de nos jugements. L’oubli conscient est la seule mémoire vivante.
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Soir d’élections. Les pays où l’on vote le plus sont, paraît-il, de bons élèves ; les autres sont des cancres. L’école. Toujours l’école. Les maîtres d’école. Jusqu’à quand ?
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Je quitte le beau marché Daumesnil en me faufilant entre deux étals. Une femme arrive en sens opposé. Vieux réflexe : je recule et m’efface. Le merci pardon qu’elle me jette à la tête ressemble à une déclaration de guerre. Comme si je l’avais harcelée.
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Un ami me souffle ce propos de Nietzsche : « Nous n’avons pas une vocation de chasse-mouches. » Dommage que je n’ai pas entendu ça plus tôt : j’ai perdu trop de temps à des bagarres inutiles ; aussi, quand je vois des jeunes tomber dans le même travers, je tente de les alerter. Mais quoi ! Il y a un âge où l’on se fait les dents, où l’on croit qu’on pourra faire boire un âne qui n’a pas soif, et même, pourquoi pas, pisser un cheval de bois.
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Si je n’ouvre pas ma porte à tous ceux qui se présentent, je ne l’ouvre qu’à moi-même.
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Bonifacio. À l’étage de l’ancien couvent, à deux pas de la mer que surplombe le cimetière marin, un enfant prend sa leçon de piano. Les notes maladroites s’enchâssent dans le silence lumineux. Tout est là, tout s’entrecroise et se reconnaît dans la chaude immobilité de l’être. Comment est-il possible que cette perfection existe ?
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Je n’aime pas les élites françaises, ni occidentales, et encore moins ceux qui les admirent ou les envient, ou les flattent ; je n’aime pas cette façon de trouver le sens de l’existence dans les affaires dont on est chargé. Je ne crois pas ces gens susceptibles de progrès, ni même de changement. Sans doute ne sont-ils ni sans qualités ni sans mérites ; pourtant, j’ose dire ce que jadis je n’osais même pas penser : ils ont été construits à l’économie, avec de mauvais matériaux. Le mieux serait de laisser s’épuiser le stock, puis de reprendre la fabrication sur d’autres bases : on n’en prend pas le chemin. On me dira qu’ils ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Presque tous, hélas ! Leur point commun, c’est de ne pouvoir tomber juste, ce qui les oblige à voltiger d’une branche à l’autre du pouvoir, comme les singes du zoo. En clair, ils ont perdu tout sens de la contingence, c’est-à-dire de l’infini, c’est-à-dire de la condition humaine. « Être un homme, c’est pouvoir infiniment tomber. » Je vois bien dans quel ridicule je me mets à répéter obstinément que je ne les aime pas, comme un enfant têtu qui repousse son assiette de soupe. Précisément. Je ne veux pas de leur soupe et, encore moins, leur servir la mienne. Non vraiment, j’ai beau faire, je ne les aime pas. Pourtant, le sentiment dominant n’est pas la haine, mais une épouvantable désolation. Une désolation tellement fondée et argumentée que, parfois, bien malgré moi, elle en devient presque fraternelle.
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De quoi les gens ont-ils besoin ? Uniquement de ce dont ils ne savent pas avoir besoin. Le reste, c’est pour faire bouffer les sondeurs, etc.
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Si l’époque avait été différente, je me serais probablement tenu coi. Mais ce monde où nous vivons, j’ai eu tant d’occasions de l’observer, et sous tant de facettes, que la difficulté de vivre à laquelle se heurtent aujourd’hui les meilleurs, je veux, de tout mon cœur, leur dire qu’elle ne m’est pas étrangère ; que leurs épreuves ne sont pas dues à quelque faiblesse mais, au contraire, à leur santé et à leur générosité ; que le seul symptôme vraiment inquiétant, aujourd’hui, serait d’aller dans le sens du courant. Il y en a un autre, il est vrai, plus inquiétant encore : faire semblant d’aller contre le courant.
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Au début de ses Pensées, Marc-Aurèle propose, sous forme de bilan, une longue énumération de ceux envers qui il se sent redevable d’un élargissement de sa conscience. Ni apologie ni canonisation : reconnaissance de dette qui est comme un retour d’amitié. « De mon aïeul Vérus : le caractère honnête et l’égalité d’âme. […] De Diognète : l’absence de futilité […] De Rusticus : avoir compris la nécessité de réformer mon caractère […] » Même si je suis moins certain que Marc-Aurèle d’avoir su profiter de ce qui m’a été apporté, c’est ainsi que j’ai vécu. Quelques amis, qui ne s’en sont peut-être jamais douté, ont été comme les pierres qui m’ont permis, vaille que vaille, de traverser le ruisseau. Ou comme des étoiles d’évidence fichées au cœur de mon incertitude ; elles ne la guérissaient pas, mais elles lui suggéraient un climat, une atmosphère. Toutes témoignaient d’une vérité sensible qui était, à mes yeux, la seule base possible de mes décisions et de mes choix. Ce n’était pas la vertu qui me faisait mépriser le reste, c’est-à-dire la carrière, la renommée, le gain, la sécurité : c’est que tout ça se payait vraiment une gueule trop minable, une sale gueule de non-être. Quand je réfléchis sur ces amitiés fécondes, je constate deux choses. D’une part, qu’elles me venaient de tous les horizons imaginables : des chrétiens, des marxistes, des agnostiques, des gens de gauche et de droite ; d’autre part, qu’aucun de ces amis n’était intéressé par l’argent ni par le pouvoir : ceux qui n’en disposaient pas n’en rêvaient pas, ceux qui en disposaient tâchaient de ne pas en être esclaves.
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Ma vie s’est faite de ces vies différentes, de leur rencontre en moi, de leur choc. Elles m’ont été incitation et engrais. À chaque fois que j’ai voulu abandonner ces repères sensibles, et que j’ai fait semblant de devenir l’homme d’une idée, d’un message, d’une révélation, j’ai senti que je me plantais, que je m’asséchais, que je trichais. Désormais, les vieux amis ne sont plus là. Les rôles se sont inversés ; si de plus jeunes bénéficient de ce qu’ils trouvent dans ma brocante intérieure, la joie que cela me procure n’a rien d’un triomphe de vanité : ce qu’ils chinent en moi ne m’a jamais appartenu. Je suis un intermédiaire, et peut-être un receleur. Personne ne donne jamais rien à personne. C’est dans chaque vraie demande que réside le don. Tout ce qui compte est gratuit. Le reste est folie et perversion, de quoi qu’il se réclame, de quoi qu’il se vante, de quoi qu’il se suicide. Cette crasse de l’importance, de quelque masque qu’elle se pare, financier, social, culturel, politique, religieux, c’est peu dire que je la méprise : reprenant la formule fameuse du Traité du style, je proclame que je la conchie dans sa totalité.
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Cioran. Quoi de plus puissant, de plus lucide, de plus définitif ? Et pourtant, dans ce vaillant démolisseur, dans cet enthousiaste de la négation, dans ce chaleureux apôtre du néant, dans cet héroïque aventurier du refus, je vois un enfant triste qu’on a empêché de jouer.
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Deux propos du même cardinal Lustiger. Les chrétiens qui sont en froid avec l’Église ou avec ses représentants sont des déserteurs. Faudra-t-il pour eux la charitable rafale d’un pieux peloton d’exécution ? Dans l’autre propos, au contraire, la lucidité issue d’une longue tradition de négociation avec le siècle : « Un intellectuel qui passe à la télé est mort. » Vrai.
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Réception dans un organisme culturel dont j’ai autrefois bien connu le patron. Un petit couple à qui il n’a pas échappé que je bénéficiais du tutoiement présidentiel multiplie les attentions à mon égard, s’indigne de mon verre vide, me bourre de petits fours, m’interroge sur mes projets littéraires, etc. Le vin est bon. Je leur raconte sans rire que je prépare un livre sur Patrick Poivre d’Arvor. Ces deux-là, que l’ambition rend idiots, encaissent tout. Parfait. Le grand chef nous aperçoit. Il s’empresse de venir me témoigner l’affection indulgente, nostalgique et rassurante qu’on réserve aux copains de la communale qui n’ont pas trop bien réussi. « Alors, mon petit vieux ? » s’exclame-t-il. Le petit vieux ne va pas louper son coup. « Tu sais, répond-il en désignant les deux oiseaux, je viens d’avoir une passionnante conversation avec cette dame et ce monsieur. Nous sommes tout à fait d’accord, eux et moi. Les projets culturels n’ont plus aucun intérêt. Il n’y a que Baudrillard pour y voir clair. Le gouvernement se plante, mon ami, et l’opposition avec. Tous les trois, nous sommes des libertaires mystiques et nous n’attendons plus qu’une chose : le grand bordel final. » Voir ces tourtereaux se décomposer ante mortem est une délicieuse volupté. Le visage féminin se défait plus vite ; ce qu’il a de laid l’emporte instantanément sur ce qu’il a d’agréable. Le masculin, lui, s’alourdit lentement, irrémédiablement, bovinement. « Vous savez, leur dis-je en prenant congé de ce qui reste d’eux, je vais vous faire une confidence : après le Poivre, je pense à un Claire Chazal. Bonne réussite, mes amis ! »
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Réponse à la devinette du Marché X. La maison du poète est en feu. Que cherche-t-il d’abord à sauver ? Mais le feu, naturellement…
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Retour à Poivre, Chazal, Schönberg et les autres. J’ai pour ces gens une curiosité sans bornes. Je conçois la fierté qu’on pouvait avoir à faire ce métier dans les débuts de la télévision, au temps des glorieuses Cinq colonnes à la une, quand la vie du monde donnait aux étranges lucarnes une puissance de révélation inégalée. Même quand l’affaire s’est banalisée, il y avait sans doute quelque intérêt à présenter de grands événements, à accompagner le téléspectateur dans le labyrinthe politique, à lui faire découvrir d’autres gens, d’autres contrées. Mais maintenant que la logique des concierges a tout envahi, à quoi bon ? N’est-ce pas humiliant de venir raconter pendant un quart d’heure, la mine successivement défaite ou épanouie, qu’un bidon d’huile d’olive répandu sur une chaussée lilloise a brisé quatre fémurs, ou que trois gazelles ont vu le jour au Jardin des Plantes de Brive-la-Gaillarde ? Comment peut-on, chaque jour, quitter son domicile, monter dans sa voiture, aller se faire maquiller pour débiter ces potins lamentables ? Qui sont ces gens à ce point insensibles au ridicule ? Des illuminés ? Des drogués de l’info ? Des cyniques ? J’ai une autre idée. Ils se font voir parce qu’ils ont besoin de se cacher. Un peu comme les joueurs impénitents finissent par se faire interdire de casino, ils demandent secrètement à la télé de les interdire d’existence véritable, quitte, naturellement, à s’en plaindre amèrement. Parfois, pour mieux les observer, je coupe le son. Ce ne sont pas des monstres. Leur ambiguïté n’est pas différente de la nôtre, à cela près que la pression constante à laquelle ils sont soumis leur rend le recul presque impossible, et qu’ils l’acceptent, et qu’ils en jouissent. Nous, les obscurs, nous savons ce que vaut notre cinéma ; eux sont grassement payés pour oublier le prix que leur coûte le leur. Eux, c’est nous quand nous nous imaginons glorieux, c’est-à-dire domptés.
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Je rêve ? J’ai parfois l’impression d’assister à une sorte de mutation anthropologique tellement forte qu’elle marquerait dans la vie d’un individu, et peut-être dans l’histoire d’une société, la frontière entre un avant et un après. Cette mutation, selon moi, nous fait passer d’un mode de présence à un autre. Avant, la présence à l’autre, si attentive et honnête qu’elle soit, admet le bien-fondé, et même la nécessité, d’arrière-plans. Le dialogue avec l’autre est un échange de vues. L’autre parle de son point de vue, moi du mien. Si sincère qu’on soit, on se réfère à une certaine situation, à une certaine position ; on a ses contreforts, ses tranchées, ses réserves. Cette attitude triomphe dans la négociation économique : la puissance y tire toutes les ficelles. Mais ces contreforts et ces tranchées ne sont pas nécessairement liés à l’argent ; on connaît des idéologues, par exemple, dont le discours ne constitue qu’une série de variations ou de pas de danse destinés à orner ou à protéger une pensée parfaitement immobile. Nous avons tous rencontré des gens de cette espèce. Amènes, aimables, souriants en deçà des limites de ce qu’ils n’acceptent pas de remettre en cause, ils menacent de quitter les lieux ou de vous en chasser dès que la frontière de leurs certitudes leur paraît menacée. Loin de moi de me moquer de cette attitude. Nous sommes tous, plus ou moins, dans cet avant ; mais nous commençons peut-être à flairer qu’il y a un après. Non que j’imagine une transparence absolue qui serait le triomphe de l’inhumain ; la rencontre avec l’autre suppose les forêts intérieures, les contrées sauvages qui l’habitent et qui m’habitent. Mais il suffirait, pour bouleverser tout notre paysage intérieur, d’une minuscule modification de la relation que la présence entretient, dans l’autre et en moi, avec ses arrière-plans : nous pourrions alors parler de mutation anthropologique. Il s’agirait d’une sorte de renversement, d’un basculement : les arrière-plans tireraient leur réalité et leur sens de la présence, non plus l’inverse. La présence deviendrait motrice. Elle serait cause plus que conséquence. Être présent ne serait plus se représenter ; ce serait affronter un double mystère : celui de l’autre, évidemment, mais aussi celui de mes propres arrière-plans. Être là serait donc, à chaque fois, repartir avec l’autre. Choisir l’inconnu plutôt que subir le connu. Explorer l’un et le multiple. L’ouverture, encore l’ouverture, toujours l’ouverture. Laquelle ? « Toutes les âmes le savent » disait Léon-Paul Fargue.
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On m’expliquera qu’une telle perspective est dangereuse : je ne vois pas là un argument. Que, dans bien des cas, elle se dégradera en subjectivisme : c’est bien possible, mais il faut prendre ce risque. Les superbes analyses de Pierre Legendre – ou, du moins, ce qui m’en est accessible – butent pour moi sur cette dogmatique qu’il prétend retrouver. La généalogie, n’est-ce pas juste le contraire de la dogmatique ? À moins qu’on ne la prenne, une fois de plus, en marche arrière. Sauf pour les retraités qui se cherchent des ancêtres aux Archives départementales, la généalogie, c’est de la création. Je vois bien que l’effarement devant la nouveauté, qui me paraît le sentiment majeur de l’époque, risque de ne produire qu’une agitation de surface, des remous sans signification, des libérations oiseuses. Peut-être. Sans doute. Et après ? De quel droit se servir de la tradition pour ôter ses chances à l’avenir ? Ne vaut-il pas mieux une confusion vivante qu’un ordre mort ? Il nous faudrait une lucidité surhumaine pour trier, dans cette époque insaisissable, l’ivraie et le bon grain. Il est sans doute plus sage de méditer sur le sens de tout ce mouvement, et d’essayer de comprendre quelle nécessité intérieure il exprime : à mon sens, il suggère une autre idée de la relation. Voilà peut-être pourquoi, sans y réfléchir davantage, j’ai traité avec si peu d’aménité ces deux jeunes fayots. Je ne leur voulais aucun mal. Mais puisqu’ils m’avaient agressé de leur insupportable vieillerie, le minimum était, sinon de les aider à passer sur un autre versant de leur liberté, du moins de leur suggérer, même assez brutalement, que cette possibilité existait.
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On écrit, on parle, on peint parce qu’on n’est pas capable de se taire. On se dit qu’entre les mots, les lignes, les couleurs, il passera bien un petit rayon de silence.
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Vous êtes d’accord avec moi ? Bravo ! Vous en concluez que nous devons défendre nos idées ? Vous voyez bien que vous n’êtes pas d’accord avec moi !
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Quatre nonagénaires à table dans une maison de retraite. Fourchette en avant, chacune tente de plonger dans l’assiette des trois autres. « J’ai faim, dit la plus loquace, j’ai faim ; je ne suis pas méchante, Monsieur, j’ai faim. » « Mais, Madame, vous avez une superbe assiette devant vous ! » « Ce n’est pas de la nourriture, ça, Monsieur. J’ai faim. » Faut-il attendre d’avoir quatre-vingt-dix ans pour oser dire qu’on n’est pas rassasié ? J’ai faim merci, proclame la pancarte de ce mendiant. Cette formule me bouleverse. Sarcastique, ou désespérée, ou inconsciente, cette contestation-là n’en finira jamais, Dieu merci, de gripper la machine et d’empêcher l’enfer du fonctionnement pérenne. Le désir vaut plus que sa satisfaction. Il n’y a pas que les pauvres qui le sachent, mais les riches, ça les rend méchants.

(24 juin 2004)